Historique
Quand Christian Franz von Eberstein, prévôt de l’Église cathédrale Notre-Dame de Bâle, commence une collection d’objets scientifiques pour son cabinet de curiosités, il ne se doute pas que ses biens seront saisis par la France pour servir à l’enseignement des sciences dans la future École Centrale de Porrentruy.
Un jardin botanique et une école centrale pour la capitale du Département du Mont-Terrible sont créés sur ordre de Paris. C’est Antoine Lémane, abbé défroqué, qui est chargé de la mise en place de ces deux moyens d’éducation scientifique. Mais il fait face à de nombreuses difficultés et l’expérience est de courte durée, car en 1815, le jardin botanique redevient un potager.
Jules Thurmann est appelé à Porrentruy pour restaurer l’enseignement scientifique lors de la mise sur pied d’une l’école cantonale. Il dirige l’aménagement définitif du jardin botanique et fonde un cabinet de géologie et de minéralogie.
À l’entrée en souveraineté de la République et Canton du Jura, le Parlement, lors de sa première séance, décide de la création d’un musée qui sera installé dans la Villa Beucler, située à proximité du jardin botanique.
Le Musée jurassien des sciences naturelles (MJSN) peut alors être inauguré.
Lors de la construction de la Transjurane (A16), une petite équipe de paléontologues est engagée, en marge des archéologues, pour procéder à l’examen des terrains géologiques sur le tracé des tronçons encore à construire. Cette équipe, appelée Section de paléontologie, est rattachée à l’Office cantonal de la culture et a pour mission de sauvegarder, documenter et analyser le patrimoine géologique et paléontologique enfouis sous le tracé autoroutier.
De nombreuses découvertes ont lieu sur le tracé autoroutier et déclenchent non seulement un engouement international du point de vue scientifique et médiatique pour les découvertes paléontologiques jurassiennes, mais sensibilise la population locale à leur patrimoine régional. Un site remarquable de vertébrés et bois fossiles datés de l’Oligocène (- 30 millions d’années) sous la tranchée couverte de la Beuchille, au sud de Delémont, est découvert et entraine un premier intérêt à l’échelle nationale. Dans la foulée, des traces de dinosaures de l’époque Jurassique (-152 millions d’années) sont mises au jour sur le tracé autoroutier entre Porrentruy et Boncourt, ce qui accroit encore plus l’engouement. Toujours en Ajoie, d’autres fouilles révèlent des fossiles de mollusques, tortues, poissons, crocodiles et plantes du même âge. Enfin, dans la région de Courtedoux et de Boncourt, la fouille d’anciennes dolines (ou emposieux) a abouti à la découverte de défenses de mammouths et de restes osseux d’autres espèces comme le rhinocéros laineux ou le bison des steppes. La même année, la Fondation paléontologique jurassienne, établie à Glovelier, est créée.
Le Gouvernement présente au Parlement jurassien un message intitulé Paléojura, basé sur une démarche de mise en valeur de ces découvertes reposant sur des axes scientifique, touristique et pédagogique. Ce message est accepté à l’unanimité par le Parlement en septembre 2008. Une cheffe de projet est nommée en mars 2009. L’organisation du projet est peu à peu mise en place et des animations telles que des journées portes ouvertes sur des sites de fouilles paléontologiques ou encore la venue de scientifiques sur le terrain dans le cadre de colloques internationaux sont organisées. L’avènement du projet Paléojura renforce notablement le développement du Musée jurassien des sciences naturelles. Les animations et l’évènementiel font alors partie intégrante des programmes annuel de l’institution. De même, la recherche scientifique et la formation emboîtent naturellement le pas au développement de l’institution.
Le Parlement jurassien approuve par une large majorité un deuxième message présenté par le Gouvernement pour poursuivre le développement de Paléojura. Suite à cette décision, la Fondation Jules Thurmann (FJT) est constituée à Porrentruy le 27 septembre 2012. Cette nouvelle entité prend le relai de l’Office cantonal de la culture (OCC) pour le pilotage de Paléojura dont elle reprend les missions et les activités, intégrant en outre celles du MJSN et de son Jardin botanique.
La création de cette nouvelle structure, sous la forme d’une fondation de droit privé, a donné un élan au processus d’institutionnalisation du projet Paléojura. Elle a permis de poursuivre les démarches en vue de définir de manière plus détaillée le concept de valorisation du patrimoine naturel jurassien, ainsi que les infrastructures nécessaires. Afin de dépasser le contexte purement paléontologique une vision plus globale centrée sur les sciences naturelles a été adoptée. Ce faisant, Paléojura a cédé la place à JURASSICA.
Dans ce cadre redéfini, la concrétisation de nouveaux satellites – sites de valorisation du patrimoine sur le terrain – est poursuivie.
De nouveaux satellites sont inaugurés : la Dinotec à la cité des Microtechniques à Porrentruy, puis les Fouilles du Banné sur la colline du même nom en dessus de Porrentruy. Ces deux satellites complètent l’offre de satellites déjà existante avec le Sentier didactique. Ils forment le premier élément constitutif de la Fondation Jules Thurmann.
JURASSICA obtient le soutien du Secrétariat d'État à la formation, à la recherche et à l'innovation (SEFRI) pour la création d’un service scientifique auxiliaire en géosciences, sous la forme de partenariats avec de hautes-écoles et des universités dont principalement celle de Fribourg. Ce laboratoire académique, qui forme le deuxième élément constitutif de la Fondation Jules Thurmann, offre une visibilité accrue à la région tant dans les sphères des communautés scientifiques qu'auprès du tout public et se veut un lieu incontournable de recherche et de formation en géologie et paléontologie en Suisse.
Le Parlement jurassien approuve un troisième message du Gouvernement relatif à JURASSICA. Ce message consolide les bases de l’institution et assure sa pérennisation ainsi que son développement. Il permet également le lancement d’un concours d’architecture pour la création d’un centre de recherche et de conservation. Ce centre sera destiné à l’accueil et la gestion des collections cantonales de sciences naturelles, d’archéologie et de paléontologie, dont celles provenant des fouilles de l’autoroute A16, ainsi que du Service auxiliaire en géosciences.
Suite à la décision parlementaire, la Fondation Jules Thurmann dirige entièrement JURASSICA. Elle intègre désormais le museum, le jardin botanique, le service auxiliaire en géosciences, ainsi que les satellites de découverte sur le terrain. Son financement dépend de subventions cantonale et communale, du subside fédéral du SEFRI, de donations ainsi que des produits de charges de cours, de mandats et du musée. Concernant la subvention cantonale, elle est associée à un contrat de prestations octroyé par l’Office de la culture du Canton du Jura.
JURASSICA est reconnue comme une institution de valeur nationale par l'Office fédéral de la culture et bénéficie d'une aide financière pour les frais d'exploitation des musées et des collections de tiers.