La fritillaire pintade est une espèce protégée en Suisse, dans le canton du Jura et dans le canton de Neuchâtel. Dans le but de conserver la fritillaire pintade, actuellement en grand danger d’extinction dans le canton du Jura, des renforcements de populations sont en cours sur les sites encore existants du canton du Jura tout comme des réintroductions le long du Doubs, dans le canton du Jura, sur des sites où l’espèce était présente antérieurement.
Depuis 2007, le Jardin botanique de JURASSICA est impliqué dans un plan d’action pour la réimplantation de la fritillaire pintade (Fritillaria meleagris L.) dans certaines stations des rives du Doubs en partenariat avec l’Association du Parc du Doubs. À partir de graines prélevées sur des stations du canton de Neuchâtel, des essais de mise en culture de la fritillaire ont été réalisés avec succès au Jardin botanique. Cet effort a permis de produire un grand nombre de graines et de bulbes à partir des nouvelles plantes cultivées ex situ. Au cours de différentes actions, bulbes et graines de la fritillaire sont actuellement replantés en milieu naturel adéquat dans le but de renforcer les populations de fritillaires déjà présentes dans le Parc. Sous la direction du Parc du Doubs, un suivi botanique est en cours depuis plusieurs années pour évaluer les résultats de ces actions.
Au printemps 2021, une petite plante bulbeuse connue sous le nom de « gagée velue », Gagea villosa, a été redécouverte dans le parc du Jardin botanique. Jusqu’à récemment invisible aux yeux des jardiniers, la petite gagée velue se cachait au sein d’une population de Gagea lutea, une espèce voisine, plus commune, qui prolifère dans une pelouse du jardin. Une découverte épatante puisque la gagée velue est aujourd’hui classée « En danger » dans la liste rouge des espèces menacées de Suisse ! Bien que décrite à Porrentruy et dans ses alentours par les botanistes du 19ème siècle (Jules Thurmann puis Jules Bourquin), cette espèce avait été totalement perdue de vue depuis. Probablement un vestige des anciens jardins botaniques, la redécouverte de cette espèce rare et protégée met en lumière le rôle que peut remplir un jardin botanique dans la préservation d’espèces menacées ou éteintes dans la nature. Au vu de la valeur botanique de Gagea villosa, des bulbes ont été prélevés dans la pelouse du parc et mis en culture en pots afin de les multiplier. Les diverses observations botaniques faites sur la redécouverte de Gagea villosa ont fait l’objet d’une publication dans les Actes de la Société Jurassienne d’Emulation au printemps 2023.
De cette expérience, émane maintenant le souhait du Jardin botanique de JURASSICA d’étudier la présence de la gagée velue dans d’autres lieux aux alentours du parc. De plus, une première tentative de réimplantation de la gagée a été réalisée en espace naturel à l’automne 2023 avec la permission des autorités cantonales.
Dans un projet soutenu par l’Académie Suisse des Sciences Naturelles (SCNAT), le Musée JURASSICA travaille à l’entretien des planches d’herbier, à la révision de la taxonomie et à l’établissement d’un inventaire complet des plantes collectées au 19ème siècle par trois botanistes de renom: Jules Thurmann, Jean-Amédée Watt et François Joseph Bonanomi. Ce sont environ 10'000 planches qui sont actuellement numérisées et dont les spécimens de la flore du Jura mais aussi d’autres cantons de Suisse, France, Allemagne et Italie sont géolocalisés et, au besoin, ré-identifiés.
La création d’une base de données conforme aux normes scientifiques botaniques en vigueur et alignée sur les exigences du Darwin Core est l’étape ultime de ce projet. A terme, ces données seront mises en ligne sur des portails de distribution nationaux et internationaux tels que le « Swiss Virtual Natural History Collection » (SVNHC) et le « Global Biodiversity Information Facility » (GBIF) afin de partager cette information avec les chercheurs du monde entier. Ce travail permet non seulement de pérenniser numériquement un matériel biologique inévitablement soumis aux contraintes du temps, mais également d’offrir une visibilité internationale à l’herbier JURASSICA et de promouvoir les échanges scientifiques autour de ces outils.